FIXER DES LIMITES ET DES RÈGLES AUX ENFANTS

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FIXER DES LIMITES ET DES RÈGLES AUX ENFANTS

Nous sommes très tôt confrontés aux règles de vie qui nous guident. Le plaisir que nous tirions des jeux auxquels nous jouions pendant la jeunesse est étroitement lié au fait de suivre les règles. À première vue, le non-respect des règles semble préférable pour gagner, mais avec le temps, le mépris des règles évolue et aboutit à un ennui rapide du jeu. Dès l’enfance, l’individu comprends que ceux qui enfreignent les règles sont caractérisés par des “mauvais perdants”. Le temps défile ; et la scolarité commence. Cette fois, les règles du monde dans lequel nous entrons, constitue toutes nos vies. Ensuite, nous les rencontrons au volant lors de la conduite, dans nos carrières et notre vie professionnelle. Nous comprenons que les règles font partie intégrante de notre vie et qu’elles nous accompagneront partout où nous irons. De sorte qu’après un certain temps, nous commençons à nous définir avec les limites et les règles de notre vie. Parce que les restrictions et les règles incluent l’influence de l’environnement, de la culture et des croyances dans leur contexte. Cela contribue à façonner notre identité. Les règles nous permettent aussi de vivre en harmonie avec la société dans laquelle nous vivons. Alors, que pouvons-nous faire pour que nos enfants intériorisent ces limites et ces règles de manières saines ?

Lorsqu’il s’agit de fixer des limites pour les enfants, la première chose qui vient à l’esprit est une attitude parentale exigeante et autoritaire ; cela peut être perçu comme une punition pour l’autre partie. Cependant, les limites sont une condition nécessaire pour qu’une personne puisse vivre en sécurité. Tout comme nous espérons définir les limites de notre propre propriété en clôturant nos maisons et nos jardins de murs. De même, les limites fixées dans les relations sociales et les comportements sont importantes pour nous afin de déterminer nos propres périmètres de responsabilité.

Les restrictions et les règles fixées pour se conformer à ces restrictions sont essentielles pour obtenir la discipline, qui a une place très importante dans le développement des enfants. Une discipline basée sur une relation d’amour et de confiance, ne nuira pas à l’estime de soi. Elle permettra le renforcement des relations et de la communication avec les autres, et aidera les enfants à développer une personnalité saine en renforçant les comportements positifs. D’autre part, la discipline générée par l’usage de la force et de la pression, qui est la situation inverse, fait que l’enfant se nourrit d’émotions négatives telles que la peur, la colère et l’agressivité, faisant de lui un adulte qui résout ses problèmes par la violence, ne respecte pas les autres, et a du mal à contrôler son propre comportement. Pour cause, les enfants vivent la vie des adultes et utilisent les informations qu’ils ont apprises dans la famille pour socialiser.

Tout d’abord, lors de la formulation des règles, il faut impliquer l’enfant et lui faire sentir qu’il a son mot à dire sur son propre comportement. Cela permettra également le développement des mécanismes d’autocontrôle des enfants. Les règles établies doivent être adaptées à l’âge et au niveau de développement de l’enfant. La création d’un grand nombre de règles avec des attentes supérieures à l’âge de l’enfant entrainera leur infraction et la perte de leur fonction. Tout comme les mots galvaudés perdent leur influence, dire « non » à tout ou établir des règles sera invalide.

Les parents devraient pouvoir établir des règles pour leurs enfants et adopter des comportements positifs dès l’âge où ils commencent à prendre leurs responsabilités. Dans ces règles, les parents doivent être cohérents et fermes. La cause des règles doit être expliquée à l’enfant. Une règle établie sans explication ne peut être compris par l’esprit d’un enfant, donc l’enfant ne pourra pas suivre cette règle ou l’intérioriser. Dans un tel cas, il sera dans une position nommé « contrôlé de l’extérieur », obéissant aux règles seulement lorsqu’il est contrôlé par quelqu’un, et les enfreignant lorsqu’il n’y a pas de suivi.

Les conséquences de la violation des règles doivent être discutées avec l’enfant. Suite à cela, si la règle n’est toujours pas respectée alors il faudra le laisser subir les conséquences. Par exemple, admettons que votre enfant doit respecter la règle suivante : « préparer ses affaires et son cartable le soir » et qu’à la suite d’une omission de sa part, il oublie ses devoirs à la maison. Si le résultat du non-respect de cette règle est d’avoir une mauvaise note ou être exclu d’un projet auquel il souhaitait participer, alors laissez l’enfant l’endosser. Dans ce genre de situations, les parents ne devraient pas se charger d’apporter ces devoirs à l’école. Ou encore, si l’enfant ne se conforme pas à la règle fixée de ramasser ses jouets après avoir joué et que nous le faisons tout de suite à sa place, alors il ne fera aucun effort pour se conformer à cette règle, à l’avenir.

L’une des questions que les parents doivent se poser lorsqu’ils fixent des limites pour leurs enfants est : « À quels besoins répond-elle cette délimitation ? ». Fixer des règles inutiles, qui ne soutiennent pas le développement de l’enfant et s’y adhérer peut les guider à vivre sans remettre en question leurs propres conditions. Les limites fixées doivent être conçues pour soutenir le développement de l’enfant. Encore une fois, les règles et restrictions fixées par les parents ne doivent pas inclure une attitude parentale qui empêche l’enfant d’utiliser ses compétences ou d’assumer ses responsabilités.

Lors de la fixation des limites, un langage affectif doit être utiliser de manière illimitée pour communiquer. Un enfant qui sait et ressent l’amour ainsi que la valeur portée à son égard par sa famille en toutes circonstances, accueillera favorablement l’intervention de cette dernière. Il saurait que les décisions prises avec sa famille lui sont bénéfiques. Les règles exprimées dans un langage péjoratif incitent les enfants à les enfreindre. Utiliser un langage clair, descriptif et positif plutôt qu’un langage impératif ainsi que parler d’un ton ferme et calme peut être efficace. Il est également important d‘apprécier son comportement positif et d’être son modèle en appliquant les règles que la famille doit suivre. Si un parent qui ne fait pas attention à l’hygiène personnelle fixe une règle à ce sujet pour l’enfant, l’enfant se préoccupera plus du comportement de son modèle que de cette règle. De plus, la façon d’établir certaines règles doit être expliquée par les parents. Lorsque nous fixons les règles pour garder la pièce bien rangée, la question suivante : « Qu’entendons-nous par bien rangé ? » doit être montrée à l’enfant. Puis l’effort de l’enfant pour se conformer à la règle doit être vu et apprécié.

L’attitude des parents est très importante dans la démarcation. Parfois, les parents peuvent accorder une liberté illimitée au nom de l’éducation d’enfants confiants. Ici, des enfants « patrons » qui détiennent toutes les ficelles de la maison en mains peuvent être formés. Il se peut que les parents expriment leurs souhaits dans un langage mendiant. À la place des enfants qui cultivent la confiance en eux, des enfants gâtés qui ne peuvent pas contrôler leurs impulsions intérieures commencent à apparaître. Ces enfants, ne sachant pas discerner le bien du mal, seront projetés en tous sens et risque de déraper. Ne sachant pas comment agir, ils vivront un dilemme. Tout comme le dysfonctionnement des feux de circulation qui nous rend nerveux pendant les heures de pointes, un environnement sans règles engendre une sorte de confusion et d’incompréhension pour les enfants.

L’incertitude amène l’anxiété. Au contraire, les enfants qui grandissent dans des familles autoritaires où aucune liberté ne leur est accordé, et des ordres tels que « Ne t’assois pas, ne t’arrêtes pas, ne fais pas ça, ne coures pas ! » leur sont donnés, peuvent se replier sur eux-mêmes. En effet, ils sont inaptes à prendre leurs propres décisions, ou au contraire, ils s’opposent à tous ce que leurs parents leur dit. Il est plus approprié de donner des ordres aux enfants à la voie affirmative plutôt qu’à la voie négative. Les ordres exprimés avec une négation (ne crie pas, ne parle pas, etc.) ne seront pas entièrement comprises par les enfants.

Il est fondamentale de marquer les limites pour augmenter la qualité des relations interpersonnelles et de la communication dans la vie quotidienne mais aussi pour savoir où dire « non », où dire « oui » et où nous situer nous en tant qu’individu.

Asuman Düzgün