LES HEROÏNES DE L’HISTOIRE

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Dans le monde turc d’Asie centrale, les femmes avaient des droits qu’aucune femme avait dans les autres pays à cette époque. Des poétesses, des peintres, des juges et des dirigeantes comptaient parmi elles. Si la femme était l’épouse du Khan (dirigeant), elle était assise juste à côté de son mari dans les assemblées d’État ; elle avait son mot à dire sur les questions internes-externes ou de conquête de l’État. Dans les lettres envoyées à l’état ou à d’autres états, il y avait aussi la signature de “hatun” (épouse du Khan) après le “khan”. Les documents contenant des ordres commençaient par “Hakan et Hatun disent” plutôt que “Hakan dit”. Les documents qui ne débutant pas de cette manière étaient considérés comme suspects par le récepteur.

Pendant les cérémonies, la femme s’asseyait toujours à côté du khan et exprimait ses opinions politiques sur les affaires de l’État. Les Hatuns recevaient également des titres de sagesse, tout comme les khans. Sur les pièces de monnaie de Göktürk appartenant au VIe siècle, le portrait du khan et de la femme étaient représentés côte à côte.

Chez les anciens Turcs, presque toutes les femmes avaient une bonne maitrise de l’épée, montaient à cheval et se battaient. Par exemple, dans les Récits de Dede Korkut, la femme turque ; en plus d’être une épouse idéale, il est cité qu’elle avait des caractéristiques telles que tirer des flèches, utiliser une épée, être poète et sagesse. Les voyageurs de l’Anatolie du XVe siècle décrivaient les femmes turques, “chassant l’ennemi avec un bébé dans une main et une épée ou une flèche dans l’autre.”

Chez les anciens Turcs, la femme était considérée comme le complément de l’homme, une source de pouvoir et d’inspiration. Tandis que les femmes n’avaient aucune estime dans le monde de l’époque, elles étaient une fierté chez les anciens Turcs. Par exemple, chez les Slaves, lorsqu’un homme mourait, sa femme pouvait également être enterrée vivante à côté de lui. Les Chinois ne considéraient pas la femme comme une personne, ils les appelaient par des numéros au lieu de leur donner un nom. Dans la géographie arabe étant donné que avoir une fille était considéré comme une honte, elles étaient enterrées vivantes. Cependant, chez les anciens Turcs, elles étaient considérées comme une reine et étaient nommé tel qu “Ece” ou “Begüm”. Lorsqu’un homme se mariait, il demandait  aux chefs des Oghuz de prier pour être père de fille. Avoir une fille était un privilège, une fierté. En d’autres termes, il y avait une bonne division du travail et d’amitié entre les hommes et les femmes dans le monde turc.

L’un des meilleurs exemples de personnalités et d’organisations féminines de l’histoire turque est l’épouse d’Ahi Evren, Fatma Hatun, et l’organisation Bacıyan-ı Rum qu’elle a fondée. Les sœurs anatoliennes étaient des mères, des épouses, des ouvrières, des éducatrices, des intellectuelles et des guerrières. L’organisation Bacıyan-ı Rum, en plus d’être une source d’éducation et de commerce, était également un centre militaire comme l’organisation Ahi Evren.  Les leçons les plus importantes enseignés étaient l’équitation, la communication, l’utilisation des armes, la garde des secrets et la faim endurante afin qu’au moment où ils partiraient en guerre ou seraient capturés leur pays ne soit pas touché. Car lorsque l’État seldjoukide entrait en guerre, elles se battaient aussi avec leurs hommes.

Même lorsque l’État seldjoukide s’est retiré de la scène, l’enseignement de Fatma Bacı guidait toujours la jeunesse féminine. En effet comme Nene Hatun qui disait “mon bébé peut vivre sans mère, mais pas sans état” et qui se précipita vers les bastions d’Aziziye, hache à la main, pour chasser les Russes d’Erzurum, comme les héroïnes de la guerre russo-turque de 1877-1878, ou bien comme les femmes vaillantes notamment Şerife Bacılar, qui fut martyrisée en portant des munitions au front avec son bébé dans les bras, sont en fait une continuation de l’enseignement de Fatma Bacı et Hayme Ana.

Et puis les femmes héroïnes de la Lutte Nationale, qui ne disaient pas où se trouvaient les soldats même si elles étaient brûlées vifs, n’étaient-elles pas toujours la continuation de cet enseignement ?

Et celles qui courraient au front en disant : « Nous préférerions rester dignement sous terre plutôt que de vivre de façon déshonorante au-dessus du sol. »; des femmes comme Fatma Bacı, Hayme Ana, Altuncan Hatun, Nene Hatun, Kara Fatma, Şerife Bacı sont issues de quel enseignement ?

 

Nermin TAYLAN