PARLER MOINS ET ÊTRE À L’ÉCOUTE

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PARLER MOINS ET ÊTRE À L’ÉCOUTE

Alors que nous tentons d’exprimer des vérités qui ont des significations profondes et quelque peu secouantes avec des longues phrases, il est fort probable de s’emmêler les pinceaux et de se retrouver dans un souk. Un peu comme le stand à 1 euro au marché, avec des centaines de vêtements… Même si certaines pièces sont réellement attrayantes, il se trouve un tel désordre sur le comptoir qu’un simple regard suffit à fatiguer. Peut-on dire que le shopping est rentable lorsque notre fatigue est supérieure à la valeur de la pièce que nous avons en main ? Le simple fait de l’acheter peut-il réellement subvenir à nos besoins ?

Voilà l’aspect critique des mots dans nos phrases. Certaines choses peuvent se perdre au fil de la conversation. Ces choses dont nous avons besoin comme l’air ou l’eau. C’est saint, c’est une bénédiction.

Pendant que nous errons parmi les centaines de stand à 1 euro avec le désir de trouver une pièce utile, les hadiths au sujet de la façon de parler concisément nous regardent dans les yeux avec insistance. Lorsqu’il est question de parole, les verbes parler, écrire, essentiellement faire part d’une conversation nous vienne à l’esprit. Or, la qualité des mots se cache dans le silence et l’écoute. Dans le fait d’écouter, de s’arrêter, d’essayer de comprendre… Lorsqu’on regarde la méthode de communication du Prophète (sws), on peut noter ces deux étapes : l’écoute et la valorisation de l’interlocuteur. On peut observer un Prophète à l’écoute qui visent à toucher le cœur de l’interlocuteur avec des mots simples, plutôt qu’un prophète qui parle constamment et essaie de persuader. Cela pourrait-il nous dire quelque chose ?

Aujourd’hui, alors que chacun de nous se plaint de ne pas être compris et de ne pas comprendre ce qui nous est fait, la plupart du temps nous oublions de nous arrêter et d’écouter ainsi que de prendre conscience de la situation sans faire de conjecture. Tandis que les liens se brisent ainsi, la file d’attente devant les psychologues s’allongent de plus en plus. Pourquoi s‘efforce-t-on à persuader quelqu’un avec une peine ou une joie, que nous avons eu la même chose en pire ou en mieux ? Par exemple, lorsqu’une dame dit que son enfant est malade, une autre s’empresse de dire que son enfant aussi a eu la même maladie et elle continue jusqu’à essayer de remporter une victoire en persuadant tout le monde que son enfant aussi a une maladie très grave.

Il est très difficile de se taire et de regarder une personne dans les yeux afin de l’écouter avec un sourire sincère sur le visage. Nous voulons tous monter sur scène pour parler encore et encore, sans relâche. Jusqu’au moment où nous allons être offensé. Nous pensons que se taire signifie s’offusquer ou abandonner. Malgré notre âge, nous ne savons nous taire que lorsque sommes offensés ou perdons espoir.

Mahabbat équivaut à la conversation et signifie aimer. Hubb désigne l’amour pur. « Les bulles qui se forment sur l’eau en état d’ébullition sont appelées habâb. Selon cela, le mahabbat est le débordement du cœur ravagé par la soif et le désir excessif qui lutte pour atteindre l’être aimé. » Nous clamons au sujet de la conversation, c’est-à-dire l’amour, notre désir d’entendre et d’être entendu. Nous devons accepter que parler constamment ou avoir toujours raison ne suffit pas à nous rendre heureux ou à rendre heureux. Il est toujours plus difficile de trouver le bon dans une foule. Nous sommes dans le manque d’une discussion où les sentiments sont exprimés réellement, une discussion qui sera écoutée et entendue.

Dès le premier instant où un nouveau-né voit le jour, tout l’entourage s’impatiente pour entendre le premier mot qu’il va prononcer. Que dira-t-il ? Quel mot prononcera-t-il alors qu’il n’en connait pas le sens ? Lorsque le bébé grandit et commence à entasser des mots sans arrêt alors ils se mettent cette fois-ci à attendre en se demandant quels mots seront passé sous silence. La valeur d’une personne se révèle dans son silence plutôt que dans les mots qu’elle prononce. Et quand elle parle, c’est sa manière de dire les choses qui attire notre attention. Les manières peuvent apporter le printemps dans les cœurs déserts mais aussi transformer un été en hiver.

Les liens ne se forment pas à la hauteur des paroles mais des sentiments. Lorsque nous tombons malades, nous préférons avoir un proche qui nous dit tacitement « Je suis là » en nous préparant un thé chaud, plutôt que d’une personne qui nous fait une dizaine de recommandations. N’est-ce pas une communication ? Ce que nous perdons aujourd’hui, ce ne sont pas des mots. Au contraire, nous avons tellement de parole à dire qu’il nous est impossible de parler ni d’entendre, coincé au milieu de tant de mots. Alors que les cœurs qui s’éloignent ne peuvent comprendre cette distance, les parties sont constamment en colère et offensées l’une envers l’autre. Tandis que la seule chose qui augmente au fur et à mesure que nous parlons est la distance ; comme cité auparavant, gagner ne rime pas avec le bonheur.

En réalité les livres de développement personnel peuvent continuer à multiplier les règles d’or pour parler efficacement et avoir des bonnes techniques de communication. Cependant, nous pouvons aussi adopter qu’une seule règle d’or qui est l’héritage du prophète : Être à l’écoute…

 

Dilara Tekin