ZAKAT : PURIFICATION DE SOI ET DE SA FAMILLE

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        La pauvreté et la richesse comptent parmi les épreuves rencontrées par l’humain. Les personnes ayant des capacités différentes se voient attribuer des biens, plus ou moins grande. De ce point de vue, le type d’épreuve ne change pas le résultat pour ceux qui disposent d’une capacité suffisante à gérer la richesse ou la pauvreté.

       Dans les vers « Je ne me ravit ni de l’abondance / et me disgrâce ni de l’absence », le poète Yunus Emre considère également l’abondance et l’absence comme équivalente.

      Par ailleurs, la mise à l’épreuve avec la richesse est plus difficile que la mise à l’épreuve avec la pauvreté. Les gens qui sont éprouvés par la richesse d’Allah pensent souvent qu’ils ont gagné leur richesse grâce à leur propre succès et qu’ils le méritent. Ils oublient ainsi la grâce de Dieu envers eux et se permettent de dire vis-à-vis des pauvres “Que Dieu leur donne”. Ils ne savent pas que la grâce d’Allah est parfois attribuée aux autres par les mains des humains: « quand on leur dit: Dépensez de ce qu’Allah vous a accordés. Ceux qui ont mécru disent à ceux qui croient: Est-ce à nous de donner à manger à ceux à qui Allah, s’Il le voulait, aurait donné à manger?» (Yâ-sîn, 36/47). Cependant, Allah a voulu nourrir les pauvres et à mandater l’homme pour cela. Ceux qui sont conscients de ce mandat contribuent à la préservation de la dignité humaine durant des générations sans faire honte aux pauvres en les poussant « à demander ». La première partie des générations qui créera un effet domino est constitué de nos propres enfants.

       Le gain injuste ne s’obtient pas uniquement par le vol, l’extorsion et les intérêts. L’épargne dont l’aumône (la zakat) n’a pas été acquitté comprend également un gain injuste. Parce que les pauvres ont des droits sur notre épargne qui atteint le niveau minimum de richesse et y reste pendant un an. Personne ne voudrait boire une eau trouble qui n’a pas été purifiée par la zakat, ni la faire boire à sa famille. Par conséquent, bien que la zakat puisse sembler être un culte individuel, elle affecte également la famille.

          Peut-être que l’argent de la nourriture d’un enfant qui ne peut pas dormir à cause de la faim se trouve dans le bracelet qui orne notre bras. Ou peut-être que les chaussures d’un enfant qui n’a qu’une seule paire de chaussures et qui est obligé de les porter à tour de rôle avec ses frères et sœurs se trouvent dans nos placards débordants.

         La pauvreté n’est pas un statut promu par la religion. Il n’est pas interdit d’avoir des richesses. La richesse -dont l’aumône (la zakat) a été acquitté- devient légitime. Le Prophète (sws) a dit que quiconque partage la richesse qu’Allah lui a accordé avec ceux qui en ont besoin est digne d’envie (Bukhari, Zakat, 5).

         La zakat est la preuve de la gratitude, et la gratitude représente la foi elle-même. Le verset « Nous avons guidé l’humain dans le bon chemin, qu’il soit reconnaissant ou ingrat » (Al-Insan, 76/3) le souligne également. Ainsi, savoir de qui vient la richesse et pour qui elle doit être dépensée fait aussi partie de la foi.

         On comprend avec la zakat, qu’elle n’est pas seulement la gratitude de la richesse, mais que toute bénédiction y compris l’intelligence, le temps, la jeunesse et la beauté méritent également la zakat. En effet, le hadith suivant rapporté par le Messager d’Allah « Tout a une zakat. La zakat du corps est le jeûne. » (Ibn Majah, Siyam, 44) nous montre que toute acte d’adoration est une forme de gratitude qui se nourrit de la même source que la zakat. Les enfants élevés dans l’école de la zakat ne deviennent pas dépendants des richesses parce qu’ils apprennent à partager. À travers l’exemple du Prophète Issa qui a miraculeusement parlé dans les bras de sa mère Maryam et dit “Allah m’a ordonné de prier et de donner la zakat aussi longtemps que je vivrai.” (al-Maryam, 19/31), le fait que les enfants sont inculqués à la conscience de la prière et de la zakat dès l’enfance est démontré.

          Un musulman qui s’acquitte de la zakat ne peut oublier qu’il vit dans une société et qu’il doit ses revenus à cette société. Sinon, il est certain qu’Allah n’a pas besoin de la zakat donnée. En fait, une belle parole a plus de valeur pour Allah qu’une zakat donnée pour se faire valoir. (Al-Baqara, 2/262-264). Puisque c’est Allah qui fournit la subsistance, Il détermine également où et comment nous dépenserons cette subsistance. Même lorsque nous donnons de l’argent de poche à notre enfant, n’interférons-nous pas avec l’endroit où cet argent de poche est dépensé ? N’est-ce pas pour lui faire gagner de bonnes manières et son propre bien ? Un autre but de donner aux nécessiteux est pour notre propre bien. (At-Taghabun, 64/16). La propre bonté d’une personne illumine également sa famille. Le seul ennemi de cette bonté est le « moi » qui murmure égoïsme et avarice.

Gülsüm SOYDAN