LA VALEUR DU SAVOIR À L’ÈRE DU NUMÉRIQUE

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En raison des changements sociaux, on peut dire que l’homme traverse une crise profonde dans le processus de compréhension et d’interprétation du savoir, en particulier à l’ère numérique où tous les types d’informations sont égalisés, leurs sources se diversifient et leurs accès devient plus facile. On observe une confrontation à des inconvénients dans les types d’informations auxquelles les hommes se réfèrent et qu’ils peuvent recevoir.

  Différence entre l’information traditionnelle/réelle et l’information numérique

    On peut dire que l’information se basant sur des références sacrées et l’information présente dans les médias numériques diffèrent sur plusieurs points. L’information numérique est décentralisée et déhiérarchisée, elle n’a pas de source. Par ailleurs la source ultime du savoir en Islam est Allah. Parce qu’il est “Allamu’l-guyub” et Lui seul est le Savoir Absolu. (al-Maidah, 5/109). À l’ère numérique l’information ayant une source fiable (le savoir) fournit des références importantes pour résoudre les crises existentielles des individus. La connaissance basée sur des principes moraux; se transformant en savoir et en sagesse, elle donne à la vie son sens et son but.

Le fondement sur lequel repose le savoir numérique est l’information. En ce sens, les informations obtenues à partir des canaux numériques ont des critères tels que susciter l’admiration, attirer l’attention et manipuler. Alors que l’accès à l’information numérique est très facile l’accès à l’information authentique est le résultat d’un dur travail. L’information numérique est le produit d’un terrain glissant où chacun se voit offrir la possibilité de tout savoir. Par conséquent, s’il existe une possibilité d’atteindre la vérité sur un tel terrain, il y a aussi le danger de s’en éloigner. Dans ce contexte, afin d’avoir des connaissances authentiques, en particulier sur des questions étrangères à l’expérience humaine, le Coran dit : “Si vous ne savez pas, demandez à ceux qui savent.” (an-Nahl, 16/43) ainsi Il insiste sur la nécessité de déployer des efforts pour atteindre la vérité. Dans la sourate al-Isra verset 36, Allah dit : « Et ne poursuis pas ce dont tu n’as aucune connaissance ». De ce point de vue, les gens ne devraient pas se préoccuper des questions qui ne relèvent pas de leur autorité et de leur responsabilité et qui ne procurent aucun avantage à la société. En plus d’être inutile, il est interdit d’enquêter sur une information qui nuirait aux gens et à la société, de divulguer les défauts d’autrui, d’insulter, de médire ; tout cela étant considéré comme équivalent à manger la viande d’un frère mort. (al- Hujurat, 49/12). Les sources à référence religieuse déterminent comme objectif principal la protection de l’homme contre le mal. Mais on ne peut pas dire que l’information numérique est purement négative et dénuée de sens. Le problème ici est que la personne ne se sent pas moralement responsable des informations qu’elle choisit dans les médias numériques. Surtout la façon dont on existe dans des réseaux virtuelles et l’idée que l’information circulant sur ces réseaux n’a pas de réalité diminue les responsabilités consciencieuses des individus. Les jeunes, sur qui l’anonymisation attire l’attention, ont le sentiment que toutes les activités menées avec des identités virtuelles seront exemptées de toutes responsabilités.

L’absence de préoccupation morale du contenu produit dans le milieu numérique est l’un des problèmes de l’ère numérique. De plus, la circulation rapide et incontrôlée de l’information et l’exposition intense et non mesurée des personnes à l’information, explique la nature du numérique mais y inclut également des inconvénients. De même, dans ce milieu numérique, il existe un terrain virtuel où les individus peuvent dès le plus jeune âge, consulter et s’informer sur beaucoup de sujet allant des problèmes les plus intimes aux problèmes techniques les plus détaillés.

Désormais, à l’ère du numérique, la nécessité de rajouter l’adjectif authentique devant information se fait ressentir. Cependant, dans un environnement informatique et numérique où tout est produit et consommé très rapidement, dans le monde du coupé-copier-coller, les imitations ne laisse pas leurs originaux en vie. En effet, la dissociation entre l’authentique et le faux, le savoir et l’information, le virtuel et la réalité est aujourd’hui quasi impossible.

Bahset KARSLI